lundi 15 septembre 2008

Al Khobar - Vilnius, et autres contrastes.

Comme je l'ai laissé entendre dans mon billet d'ouverture, j'ai accumulé plusieurs casquettes depuis mon installation à Vilnius à la fin août 2007. Il s'agissait d'un projet que je préparais depuis Janvier 2007, lorsqu'en naviguant sur un site spécialisé dans les aides aux études à l'étranger, je me suis rendu compte qu'il était possible de partir étudier à Vilnius avec une bourse d'études pour une durée d'un an. Restait donc à construire le projet d'études et à le relier au parcours acquis précédemment, et du fait que mon cursus antérieur est celui d'un étudiant en Lettres et Langues, il était périlleux de créer un raccord avec les sciences politiques mais cela s'est fait. Je me trouvais, au moment de la constitution de mon dossier, en Arabie Saoudite où je m'occupais du fonctionnement d'un centre français détaché de l'ambassade de France, dans la région Est (Ash Sharqiyah). Je devais rentrer en France en juin 2007.

La préparation à l'après-Saudi a pris du temps. Lorsqu'on est volontaire international dans l'administration publique, on a assez vite fait d'être oublié par l'institution qui nous a employé. Lors d'un passage en Lituanie en octobre 2006, j'avais laissé un Curriculum Vitae, un peu par hasard, au Centre Culturel Français de Vilnius alors que l'idée de m'y installer ne trottait pas encore dans mon esprit. J'étais en effet en période de congé, j'avais soutenu à Orléans, quelques semaines plus tôt, un rapport de stage concernant la première partie de mon séjour en Arabie. Là-bas, le mois du Ramadan avait déjà commencé, une période relativement difficile pour les étrangers non-musulmans du fait que les restaurants sont fermés en journée jusqu'à l'appel à la prière Maghreb, autrement dit le coucher du soleil. Il est également strictement interdit de s'afficher publiquement en train de consommer quelconque aliment. Pour pallier à la faim, nombre de musulmans prennent un petit déjeuner copieux et mâchent, durant la journée, un bâton de réglisse. La meilleure solution pour moi était simplement de m'absenter durant une partie de ce Ramadan, qui malgré tout est une fête joyeuse au quotidien, rythmée au fil des longues prières qu'il exige des fidèles.
J'ai donc laissé mon CV au responsable pédagogique du Centre Français, qui pratiquement un an après, a aimablement choisi de me faire confiance en m'intégrant dans l'équipe de profs du centre. Lorsque je suis rentré d'Arabie, au lieu de me poser à Paris comme le prévoyait le contrat du volontaire international, c'est finalement vers Vilnius que je me suis dirigé, via Francfort. J'avais déjà quelques documents à remettre au ministère lituanien de l'Education en vue de recevoir la bourse d'études. Dans le même temps, c'était une très bonne occasion de revoir la personne de qui j'entendais me rapprocher davantage, cette fois géographiquement.
De la Péninsule Arabique aux Pays Baltes, la transition promettait d'être abrupte. Changement de climat, d'environnement culturel, religieux, le mot-clé de cette transition était le changement, effectivement. Ceci dit, je n'en ai pas reconnu les effets immédiatement. La nostalgie de "l'époque saoudienne" qui, je tiens à le préciser, n'est absolument pas incompatible avec un certain confort de vie en Lituanie, s'est fait ressentir plus tard, lorsque j'ai commencé à prendre de sérieuses marques dans ma vie quotidienne à Vilnius. Sur ce point, je suis absolument incompris, même par mes plus proches, mais je l'assume. Comment est-il possible de ressentir un manque, particulièrement lorsque ce manque est relié à une destination obscure, difficile, lointaine. L'Arabie, c'est ailleurs. c'est autrement. C'est... et puis j'en ai assez de me justifier. Malgré un quotidien tendu sur place, je suis reconnaissant à cet environnement géographique et humain de m'avoir tant enseigné là où je n'attendais aucune leçon de morale. Ceci ne s'étant pas encore produit en Lituanie, je reste dans l'attente tout en caressant cette nostalgie de l'expérience singulière...

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