La Lituanie, à l'instar de nombreux pays européens qui ont fait leur entrée dans l'Union européenne lors de la plus grande vague d'élargissement de son Histoire, se retrouve dans une situation de plus en plus critique sur le plan de l'énergie. Hormis quelques sites géographiques dans lesquels on peut capter une énergie géothermique - quoique dans des proportions très modestes, même trop à l'échelle du pays - l'Etat Lituanien file droit vers la dépendance énergétique quasi totale vis-à-vis de la Russie, du fait de l'arrêt programmé, l'an prochain, de sa fameuse centrale nucléaire de fabrication soviétique ( 2 tranches de type RBMK) située non loin de la paisible ville d'Ignalina.
Des initiatives de court terme ont certes été prises pour pallier la fermeture définitive de la centrale : on pense au pont éléctrique reliant la Lituanie à la Pologne, projet qui paradoxalement requiert des deux parties un travail de concertation acharné - car les minutes sont comptées - mais qui traîne, et traîne encore... D'autres pays ultra-démocratiques tels que la Biélorussie ou même la Russie ont multiplié des propositions envers la Lituanie, reste à savoir s'il s'agissait ou non de taquiner les autorités lituaniennes. L'exemple de proposition de projet de centrale nucléaire à Kaliningrad, avancé par la Russie, a dû susciter quelques rires jaunes à la chancellerie du gouvernement lituanien. Il faut tout de même le reconnaître : les gouvernements lituaniens ont très mal géré le dossier Ignalina. Présenté comme une promesse en vue d'obtenir le ticket d'entrée à l'UE, le démantèlement de la centrale (dont la première tranche a été arrêtée en 2005) a été appréhendé par Bruxelles comme un condition sine qua non de l'intégration de la Lituanie dans le projet UE25 en vue de l'élargissement de 2004. Depuis, des discussions ont eu lieu, Areva s'est notamment rendu sur place, de même que l'ancien patron d'Electricité de France, Jean-François Roussely... Mais depuis, rien de concret. Pas même un appel d'offre pour tenter d'assurer la relève sur le même site.
J'ai donc un soupçon sur le fait que le gouvernement lituanien, associé à des groupes de pression, aient spéculé sur une éventuelle souplesse de la part de Bruxelles, qui aux dernières nouvelles se montre toujours aussi intransigeante sur la possibilité d'un report de l'arrêt complet de la production d'électricité à Ignalina. Quoique le dossier d'indépendance énergétique a fait parler de la Lituanie au cours des dernières 24 heures, du fait que le président de la Commission Européenne, M. Barroso, a promis au premier ministre Gediminas Kirkilas de contribuer, à hauteur de 25 millions d'euros, à améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments lituaniens.
Installé dans le centre de Vilnius, j'occupe un appartement en colocation dans un quartier relativement favorisé mais où le gaspillage énergétique est consternant. Les systèmes centralisés de chauffage font les choux gras des entreprises de distribution d'énergie durant la saison hivernale, établie entre novembre et avril. Les charges ajoutées au loyer atteignent souvent 500, 600 litas par mois soit presque 180 euros durant les mois les plus froids de l'année. Une hausse de 50% du prix de l'énergie est d'ailleurs attendue pour cet hiver. On peut attendre des prochaines élections que le sujet énergétique soit la pierre angulaire des discours de campagne, de tous bords...
L'ancien président Rolandas Paksas, destitué de ses fonctions en 2004 par une motion de défiance pour avoir révélé à un financier russe quelques secrets d'Etat, avait été l'un des premiers à lancer l'idée d'un référendum sur le démantèlement de la Centrale d'Ignalina. Sur l'instant, cette mesure fut qualifiée de "populiste" par ses opposants politiques. Au jour d'aujourd'hui, pourtant, le référendum est bien d'actualité. Kirkilas, lui-même, bien qu'il ait assuré à José Manuel Barroso que son pays n'entendait pas abandonner officiellement la promesse du démantèlement, en appelle tout de même à la clémence de Bruxelles. A suivre attentivement....
1 commentaires:
ah le probleme energetique en lituanie....
Tu as tout a fait raison ,la gestion politique de ce dossier ici,est tres mal gere et se trouve au centre d enorme tension politique entre les russes,la lituanie et l europe....
mais il y a peu bruxelles a promis d aider les etats baltes a reduire leur dependance energetique vis a vis de la russie!!!
esperons que ce n est pas qu ue promesse!!!!
Je vis a siauliai et j avoue que nous apprehendons l arrivee de l hiver et de ses factures cette annee!!!!
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