La guerre culturelle a été déclarée! Et pas des moindres. Ce que l'on considère en France comme un archaïsme culturel, si bien qu'il est retransmis sur la troisième chaîne française (Les médias de proximité, dit-on) est en passe de devenir, tenez-vous bien, l'objet d'une tentative d'intimidation de la Russie par les Etats Baltes.
Rappelons qu'en mai 2008, la compétition de l'Eurovision a été remportée par la Russie, représentée par l'interprète Dima Bilan. Selon la tradition, c'est au pays vainqueur d'assurer l'organisation de ce song-contest l'année suivante. Les Etats Baltes menacent désormais de boycotter le fameux concours d'interprétation, en réponse à l'action militaire menée par la Russie en Géorgie en août 2008. La pop star, qui doit assurer deux prestations en Lituanie durant le mois de septembre - à guichets fermés - a en revanche annulé ses concerts prévus dans la capitale estonienne pour des raisons encore indéterminées.
On peut supposer que les Etats Baltes, qui n'ont pas manqué une occasion de faire montre de leur solidarité vis-à-vis de la Géorgie, craignent également pour leur intégrité. A moindre échelle peut-être en Lituanie, si l'on part du principe que la communauté russophone est bien moins importante qu'à Riga ou Tallinn. Ceci dit, l'exclave russe de Kaliningrad pèse sur les relation russo-lituaniennes, pas tant pour le transit des personnes mais plutôt pour le FRET et les convois militaires. Des rumeurs courent sur l'envergure de l'arsenal nucléaire russe "délocalisé" vers Kaliningrad. Mais revenons-en à nos moutons.
Pourquoi vouloir à tout prix prendre en otage l'aspect culturel des relations européennes? La politique ne cessera donc jamais de mettre son long nez partout. A ce compte là, n'aurait-il pas fallu accorder, durant les J.O. de Pékin (dire "Beijing" ça sonne un peu bobo pour un francophone, ne trouvez-vous pas?) le droit aux athlètes Hutu de refuser la compétition face aux athlètes Tutsi, comme pour symboliser la plaie du génocide rwandais de 94.
Dans le cas de l'Eurovision édition 2009, l'occasion rêvée pour les Etats Baltes de narguer la Russie est servie sur un plateau d'argent. Mais la saisir, est-ce finalement intelligent? La politisation systématique de l'a-politique présente un risque fort pour des nations de faible superficie (toutes proportions gardées avec UE27), qui est l'effrittement de leur capacité à faire la part des choses. Réagir à un conflit politique ou ethnique, cela peut se matérialiser par le refroidissement des relations diplomatiques ou économiques (boycott, embargo), mais ce qui doit absolument être préservé - et malgré toute la rancoeur éprouvée par les Pays Baltes vis-à-vis de la Russie, je maintiens mon propos - ce sont les relations basées sur l'échange culturel, technique et sportif. Concernant les relations Turco-arméniennes, l'actualité me donne raison.
En somme, l'Eurovision vaut ce qu'elle vaut. Tournée en dérision à l'ouest, prise plus au sérieux à l'Est, dans tous les cas il serait dommageable de l'empreindre d'une quelconque couleur politique. Les résultats des votes par pays sont déjà suffisamment significatifs des préférences de l'audience, qui représentent tout sauf l'appréciation d'une prestation artistique.
Je vous invite à consulter le tableau des votes pour chaque pays sur ce lien, et à observer l'origine des votes les plus élevés (12 points). Si cette donnée n'est pas lourde de sens....
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