Voici celle qui hante les cauchemars des Démocrates... et sans doute ceux de plus en plus de Républicains d'outre-Atlantique, j'ai nommé Sarah Palin. Il est intéressant d'observer que le ticket Républicain, misant sur une féminisation de la chose politique, s'inspire légèrement du camp démocrate, qui a choisi un afro-américain pour briguer sa candidature. En choisissant une femme comme numéro 2, John McCain entendait effectuer un débauchage de masse dans le camp démocrate, en séduisant notamment un public de femmes qui avaient défendu bec et ongles l'épouse Clinton. Il semble donc que les "minorités", si l'on m'autorise l'utilisation de ce terme, sont fortement représentées dans les tickets des deux camps. Si l'on ne peut pas parler de "minorité" lorsqu'on parle des femmes, en revanche les notions de "suffrage féminin", à l'instar des votes "noir" ou "juif", sont pertinentes du point de vue électoral. En choisissant Joe Bidden, le candidat Obama a probablement préféré jouer la carte de la prudence, vis-à-vis d'un électorat encore frileux à l'idée de porter un afro-américain à la Maison Blanche. D'un côté, un équilibre sur le plan paritaire, et de l'autre sur le plan communautaire. Reste à savoir qui des deux vice-présidents potentiels commet le moins de bourdes... Car on en est presque arrivés à comptabiliser les gaffes commises par chacun d'eux. La grossesse prénuptiale de la fille de Palin est en effet venue comme un cheveu sur la soupe, seulement quelques jours après l'annonce surprise du ticket Républicain. C'est que faire joujou avant le mariage, pour des ultra-conservateurs, ça la fout mal. Il a donc fallu s'équiper d'une armée d'agents spécialisés en relations publiques, prononcez "pyyar" à l'américaine, pour amoindrir le choc en terme d'images et par la même, passer la bague au doigt de l'heureux père avant qu'il ait eu le temps de dire ouf. D'autres discours sur la reprise des traques anti-terroristes, l'éradication de l'islamisme fondamental dans ces régions, autant de thèmes que même la Maison Blanche n'ose plus évoquer tant les questions affluent sur la légitimité actuelle de ces guerres. Palin rouvre des sujets douloureux, et se présente comme spécialiste en politique étrangère, car en tant que gouverneure de l'Etat de l'Alaska, la proximité de la Russie fait que! On comprend immédiatement... L'image de la famille américaine, nucléaire et conservatrice affichée par Palin est sans doute l'une de ces vieilles figures allégoriques dont l'Amérique souhaiterait se débarrasser. A en croire les derniers sondages, il faudrait presque un miracle conjoncturel pour que la tendance devienne à nouveau favorable aux Républicains. McCain travaille d'ailleurs à l'exercice de prière, a-t-il récemment indiqué. Mais le faucon, vétéran du VietNam, ne fait pas que des sceptiques à l'extérieur des frontières américaines. Il tend même, parfois, à rassurer.
C'est le cas d'un groupe d'étudiants lituaniens avec lesquels j'ai eu l'occasion de discuter récemment. N'ayant pas encore été engloutis dans la machine universitaire, ils ont en tous les cas le mérite de s'intéresser à des sujets d'envergure internationale et d'en débattre. Ils soulèvent d'ailleurs un paradoxe intéressant : bien qu'Obama rassure dans son approche de la diplomatie, sa culture du dialogue, nombre de Lituaniens préféreraient voir McCain à la Maison Blanche car en tant que vétéran du VietNam - donc homme d'action - il serait le plus à même de défendre les Etats qui ont pris déclaré indépendance de l'URSS. Il s'agit aussi d'une personnalité qui ne mâche pas ses mots vis-à-vis de la Russie...
Alors, quel choix faire? Soutenir l'homme de dialogue, ou bien celui qui court derrière des spectres de terroristes en faisant clinquer ses médailles de guerre? Ces jeunes sont tout à fait conscients du dilemme. Il serait toutefois intéressant de connaître l'opinion d'autres Lituaniens à ce sujet, jeunes comme moins jeunes.
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